Paru dans le progrès
Article du mercredi 28 mars 2007
L’informaticien filmait les toilettes des dames
Prestataire de services au centre informatique de la SNCF à Lyon, il avait installé une caméra dans cet endroit intime
Place Jules-Ferry à Lyon. En face de la gare des Brotteaux, se dresse un bâtiment occupé, entre autres, par les services informatiques de la SNCF. La semaine dernière, une salariée se rend, le plus normalement possible, aux toilettes de cet établissement.
Elle est intriguée par la présence d’une petite poubelle blanche placée face à elle. Elle la pousse du pied et constate qu’elle est anormalement lourde. Elle soulève le couvercle et découvre, astucieusement cachée sous le sac en plastique, un système de vidéo-surveillance avec une mini-caméra. Et de prévenir aussitôt ses collègues. Mais, de retour sur place, le matériel a disparu et les employées du service s’aperçoivent qu’un inconnu s’est réfugié dans les toilettes des hommes pour y cacher un sac en plastique rapidement découvert dans un faux plafond. Ce sac contient une caméra, un camescope et un petit émetteur. L’homme est ensuite arrêté par les agents de la sécurité de la SNCF.
Il s’agit d’un informaticien qui travaille comme prestataire de service dans la bâtiment. « Nous avons ensuite reçu une note de service nous expliquant qu’un système de vidéo avait été découvert dans les toilettes dames niveau sud » témoigne une employée. Selon les quelques informations qui filtrent, l’homme condamnait le premier cabinet afin que toutes les filles puissent se rendre à l’endroit où son système vidéo avait été placé. « Le pire, c’est qu’il visionnait tout en « live », depuis l’écran de son ordinateur. Nous avions signalé, dès 2006, qu’un homme avait été vu sortir des toilettes nord réservées aux dames » ajoute un autre témoin.
Numéro vert
« Dès la connaissance des faits, nous avons déposé plainte pour violation de la vie privée » a expliqué le service de communication de la SNCF. « De très nombreuses collègues sont traumatisées. Nous savons que la police a retrouvé des documents qui dateraient du mois de décembre. Une douzaine de filles ont été identifiées sur les vidéos saisies. Nous craignons que ces images se retrouvent sur Internet, sur des sites spécialisés » s’indigne une autre jeune fille du service.
La SNCF a mis en place un numéro vert pour aider ces femmes à surmonter l’épreuve. « Un psychologue est au bout de fil. Nous avons également proposé des groupes de paroles et notre service juridique est à la disposition des agents qui le souhaitent » précise-t-on à la SNCF. Quant à l’auteur des faits, il n’a pas encore été inquiété par la police ce qui indigne les victimes.
Plusieurs d’entre elles se sont regroupées pour saisir un avocat qu’elles ont rencontré hier soir.
Jean-Didier Derhy jdderhy(AT)leprogres.fr
« Nous sommes dans l’angoisse »
Depuis la révélation de cette affaire, certaines victimes affirment ne pas avoir été informées des suites de l’enquête. « Nous ne savons pas si d’autres images ont été trouvées sur le disque dur de l’ordinateur de bureau de l’auteur ni même chez lui ». Depuis la fin de la semaine dernière, la police convoque des femmes susceptibles d’avoir été filmées. L’ambiance n’est pas joyeuse. Certains collègues masculins se croient malins avec des blagues du style : « tu devrais faire attention à tes hanches » ou bien « Ah, je vais enfin pouvoir te voir sur le net ». Nous savons aussi que des hommes du service ont cherché, par tous les moyens, sur Internet, pour savoir si le gars avaient fait un blog. Certaines d’entre-nous sont choquées et nous sommes dans l’angoisse. Nous n’allons plus au WC témoigne cette agente de la SNCF. Cette affaire a provoqué un réel malaise au sein du personnel.
J.-D. D.