Dans son récent et indigeste programme sécuritaire, « Pour un pacte national de protection et de sécurité publique » présenté à Créteil (Val-de-Marne) le 17 novembre 2010, le Parti socialiste évoque très brièvement la vidéosurveillance : « Nous ne croyons pas à la solution miracle de la vidéosurveillance. C’est la présence humaine qui crée la sécurité. Nous utilisons la vidéo quand elle est utile, dans les endroits clos ou pour aider à résoudre des problèmes ponctuels comme des trafics » (page 5).
Un court paragraphe dans un texte d’une dizaine de pages est suffisant pour proférer un grossier mensonge. Car, en novembre 2010, un grand nombre de municipalités PS gèrent des dispositifs de vidéosurveillance, qu’elles ont installés ou qu’elles ont reçus en héritage et qu’elles n’ont pas démontés. Pourtant, le PS ne manque pas de “spécialistes” de la vidéosurveillance au fait de cette réalité, comme Charles Gautier, sénateur-maire de Saint-Herblain (Loire-Atlantique), président du Forum français pour la sécurité urbaine, co-auteur d’un rapport parlementaire sur l’encadrement juridique de la vidéosurveillance. M.Gautier siège également depuis fin 2009 à la Commission nationale de vidéosurveillance, organe du ministère de l’Intérieur créé en 2007 et “officialisé” par la LOPPSI 2 en 2010. M.Manuel Valls, député-maire PS d’Evry, est lui aussi, depuis 2007, membre de cette commission présidée par son ami, le consultant en sécurité Alain Bauer. En tant que présidente de la communauté urbaine de Lille, Martine Aubry aurait pu aussi s’informer auprès de son conseiller délégué à la prévention des risques, le consultant en sécurité Richard Olszewski, également conseiller délégué dans l’équipe du maire PS de Roubaix (et notamment en charge de son réseau de vidéosurveillance), vice-président du Forum européen pour la sécurité urbaine et qui milite pour “l’hypervision”. Mais, sans même consulter ses “experts”, le PS aurait tout simplement pu jeter un œil à ce qu’il se passe dans plusieurs communes qu’il dirige ; il se serait rendu compte que les caméras ne sont pas uniquement installées « dans les endroits clos », ni pour « aider à résoudre des problèmes ponctuels ». Petit tour d’horizon loin d’être exhaustif :
À Lyon, le développement de la vidéosurveillance lancé par le maire Raymond Barre a été poursuivi par son successeur PS Gérard Collomb, élu en 2001 (et récompensé par les Big Brother Awards en 2002). La ville est sous l’œil de 219 caméras.
→ http://nonabigbrother.free.fr/
À Strasbourg, les exécutifs PS de la ville et de la Communauté urbaine se sont engagés dans l’extension du réseau de caméras, installées sous le mandat de l’UMP Fabienne Keller puis lors du sommet de l’OTAN en 2009.
→ http://crep.strasbourg.free.fr/
À Dijon, le maire PS François Rebsamen a fait installer 26 caméras dans les rues de la ville, début 2009.
→ http://www.brassicanigra.org/
À Paris, depuis 2008, le maire PS Bertrand Delanoë a soutenu de façon volontariste le plan de vidéosurveillance de la préfecture de police. Alliés à l’UMP, les conseillers PS ont voté une subvention de 5 millions d’euros au projet d’installation de 1300 caméras et d’interconnexion à divers autres réseaux.
→ http://www.paris-sans-videosurveillance.fr/
À Grenoble, le maire PS Michel Destot a discrètement commencé à installer un réseau de 13 caméras en janvier 2010.
→ http://grenoble.indymedia.org/
À Rennes, le maire PS Daniel Delaveau a entériné l’extension du réseau de vidéosurveillance. Sept caméras-globes ont été installées en février 2010. D’autres suivront.
→ http://www.gangrennes.info/
À Toulouse, le maire PS Pierre Cohen s’interroge sur la possibilité d’étendre le réseau de vidéosurveillance installé par son prédécesseur UMP. Si, à la suite de l’audition d’« experts » par le conseil municipal, le 24 juin 2010, la décision ne semble toujours pas prise, les 17 caméras de la ville n’ont pas été démontées.
→ http://www.toulouse.fr/
