Étudiants, désertez la Science !
Tract diffusé lors d’une action à l’Université de Grenoble, le 19 septembre 2014, action ayant abouti à l’annulation d’une soutenance de thèse sur la vidéosurveillance.
Cet après-midi, à 14h dans les bâtiments de l’INP-Grenoble, au GIPSA-Lab (Grenoble Image Parole Signal Automatique) M. Nguyen soutiendra sa thèse : « L’identification du visage en contexte de vidéosurveillance », sous la direction d’Alice Caplier. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour dire à M. Nguyen que nous ne sommes pas d’accord avec ses travaux, ni avec ceux de ses collègues. Nous ne voulons pas du monde que construisent les scientifiques et les chercheurs.
Quand les thésards bossent pour la police
Le travail de M. Nguyen s’inscrit dans la continuité des thèses menées au GIPSA-Lab depuis plusieurs années : « Analyse d’images en vidéosurveillance embarquée dans les véhicules de transport en commun » (2006) ; « Contribution à la reconnaissance de visages à partir d’une seule image et d’un contexte non contrôlé » (2010) ; « Repousser les limites de l’identification faciale en contexte de vidéosurveillance » (2012) ; « Développement de leurres et de contre-mesures pour les systèmes biométriques de reconnaissance faciale » (en cours).
Ce n’est pas au bien commun que travaillent Nguyen et ses amis. Ils développent et perfectionnent au contraire les outils technologiques qui permettront de contrôler, surveiller et contraindre demain la population : biométrie, reconnaissance faciale, croisement automatique des informations avec les fichiers de la police – ou ceux des publicitaires –, logiciels permettant de repérer les « comportements suspects », d’isoler et de suivre un individu au milieu d’une foule en mouvement, de traiter simultanément les données de milliers de caméras en réseau afin de fournir des réponses automatiques.
Ces dernières années, des recherches sur la reconnaissance faciale menées dans le cadre du projet Bio-Rafale (impliquant le Gipsa-Lab, IBM, la préfecture de police de Paris et Ministère de l’Intérieur), ont été expérimentées dans plusieurs stades dont le Stade des Alpes à Grenoble. Il s’agissait de repérer à l’entrée les supporters de foot interdits de stade. Après les supporters, à qui le tour ? En 2011, les supporters de foot égyptiens apportaient leur soutien à la Révolution, en prenant part aux affrontements place Tahrir contre la police du régime. Quel sort auraient-ils connu si les sbires de Moubarak avaient disposé de ces technologies ?
La vidéosurveillance dite « intelligente » instaure un régime de suspicion généralisée, soumet chacun d’entre nous à une surveillance permanente, anonyme et automatisée et fournit à l’État et à la police des armes d’une puissance inédite. Elle contribue à l’avènement d’une société totalitaire. C’est à cela que travaillent les chercheurs du Gipsa-lab.
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