Entre 700 et 800 personnes meurent tous les ans sur leur lieu de travail dans notre merveilleux pays. Bien entendu, cela concerne davantage des ouvriers sur des chantiers que des cadres dans leurs bureaux. Environ 800 par an, cela représente plus de deux par jour, et plus de trois si l’on prend en compte les jours ouvrés. En 2019, cela représente 3,5 décès pour 100.000 habitants, contre 1,7 en moyenne dans les pays de l’Union européenne.
Le 4 mars, un rassemblement était organisé devant le ministère du Travail à l’initiative du collectif « Stop à la mort au travail », créé en novembre dernier et qui réunit pour l’instant une vingtaine de familles endeuillées. Une délégation à été reçue le même jour par le cabinet d’Olivier Dussopt. Nous avons discuté avec quatre d’entre-elles, des représentants syndicaux, dont des agents de l’inspection du travail, qui sont seulement 1900 en fonction, pour environ 25 millions de salariés. Plus bas nous reprenons leurs principales revendications.
Plus d’infos
– La page du collectif
– Un article du blog de Matthieu Lepine
– Collectif Cordistes en colère, cordistes solidaires
– Documentaire sonore de Franck Dépretz, "Profession cordiste" (2019), notre émission d’avril 2019
musiques : générique Michael Nyman - interlude Minor Fantasy (Chilly Gonzales)
PS.
Dix-huit membres du collectif ont été reçus par Geoffroy de Vitry, directeur adjoint du cabinet et Angélique Alberti, conseillère chargée du fonctionnement interne et des politiques territoriales.
Leurs revendications sont les suivantes :
- effectuer une « vraie comptabilité des accidents », tous secteurs confondus ; « il faut tout d’abord cesser la polémique autour des chiffres, nous la trouvons indécente et préoccupante. »
- améliorer la prévention, « avec une véritable application du plan prévention des accidents graves et mortels, en redonnant donc des moyens à l’inspection du travail, en recréant des instances récemment disparues (CHSCT) » ; et créer « une plateforme téléphonique d’écoute pour les salariés craignant pour leur sécurité, sachant qu’exercer ‘son droit de retrait’ est une démarche difficile et souvent lourde de conséquences » ; enfin, lancer « des campagnes de prévention des accidents au travail à destination du grand public et pas seulement des entreprises et de leurs salariés ».
Une fois le drame survenu, mettre en place « des mesures d’accompagnement uniformes » :
- « création d’une cellule d’urgence fournissant un soutien psychologique immédiat mais aussi à distance de l’évènement traumatique (prise en charge systématique des collègues des victimes et de leurs proches par une cellule d’urgence médico- psychologique) mais aussi juridique (avec une aide juridictionnelle de droit pour faciliter les contacts avec les avocats), une prise en charge des frais d’obsèques par les entreprises coupables ».
- « que les procédures judiciaires soient simplifiées et surtout accélérées », « qu’un juge d’instruction soit nommé pour enquêter pour chaque cas de mort au travail » (« l’intervention d’un juge d’instruction concerne une infime minorité d’affaires pénales, à peine 3% »)
- « que les condamnations des entreprises soient exemplaires et immédiates » ; « que les entreprises soient condamnées pour homicides volontaires en cas de manquement délibéré à une obligation de sécurité » (« ce ne sont plus des homicides involontaires quand l’employeur a connaissance des risques pour les salariés »).
- « qu’elles cessent de se dissimuler derrière leur personne morale et les délégations de pouvoir » ; « pourquoi les amendes au pénal ne sont-elles pas proportionnelles à leur chiffre d’affaires ? »
- que d’autres sanctions immédiates soient prononcées en cas de manquements graves » : « contrôles judiciaires et/ou par inspection du travail, affichage systématique des jugements en cas de condamnation » ; « que ces condamnations soient accompagnées de stage obligatoire de sensibilisation à la santé et à la sécurité au travail ».