Nous donnons la parole ce soir à deux collectifs qui se battent pour relayer des luttes sociales qui se déroulent dans le sud du Mexique, Paris Ayotzinapa et Stop EDF Mexique. Leur point commun, la violence structurelle de l’État mexicain, entre police, armée et milices des narco-cartels, avec en toile de fond l’impérialisme économique des États-Unis.
Ayotzinapa, c’est le nom d’une école rurale du professorat, une parmi d’autres dans tout le Mexique. Elle se situe à Iguala, une ville du nord de l’État du Guerrero, situé dans la partie sud-est du pays. Il y a huit ans, le 26 septembre 2014, 43 étudiants de cette école ont été assassinés, officiellement ils ne sont que "disparus" puisque leurs corps n’ont pas été retrouvés. Leur disparition est intervenue alors qu’ils se préparaient à participer à une énorme manifestation dans la capitale. Ces écoles rurales conservent une culture politique autonome vis a vis des institutions, ce qui a toujours déplu aux caciques et politiques locaux. Depuis ce drame, une grande vague de solidarité s’est levée pour que la vérité éclate sur ce crime d’État. Tout en réveillant d’anciennes blessures liées aux disparitions forcées. Depuis l’arrivée d’un président dit "de gauche" au Mexique en décembre 2018 (Andrés Manuel López Obrador), certaines vérités ont enfin pu être dites au grand jour, qui ont mené à des mandats d’arrêts dans le camp de la police et de la magistrature de l’époque. Mais la probabilité d’un procès reste encore très hypothétique.
L’autre combat dont nous parlons ce soir concerne l’isthme de Tehuantepec, une bande de terre large de 300km située entre les deux océans, dans le sud-est du pays (états de Oaxaca et Veracruz). Stop EDF Mexique est un collectif de solidarité qui relaie de nombreuses luttes sociales et écologiques dans cette région. A commencer par le saccage opéré par de grandes compagnies d’électricité, dont EDF, qui exploitent une trentaine de parcs éoliens qui détruisent des terres indigènes pour alimenter de grands projets dévastateurs imposés aux habitant-es. Il y a déjà plus de 2000 aérogénérateurs en fonction dans l’isthme, et le gouvernement a fait du développement économique de cette région une priorité nationale.
Le projet le plus délirant est de construire une sorte de "canal sec", un couloir transocéanique de transport de conteneurs destiné à concurrencer le canal de Panama... De quoi perpétuer l’accélération du commerce mondial. Nous diffusons une intervention de Mario Quintero, représentant de l’Asamblea de Pueblos del Istmo en Defensa de la Tierra y el Territorio, membre du CNI, Congrès national indigène. Il est venu en Europe pour rencontrer d’autres camarades de luttes et donner rendez-vous à une série d’événements qui auront lieu sur place au printemps 2023.
– Écouter l’émission (1h22) :
(si ça bloque, recharger la page - le serveur est capricieux)
– Intervention de Mario lors d’une réunion publique organisée fin septembre à Saint-Denis (prise de son : Joël / Actualité des luttes, FPP 106.3 ; montage Les Amis d’Orwell)
– Page du collectif Stop EDF Mexique qui relaie des nouvelles des différents projets en cours dans l’isthme de Tehantepec
– Page du collectif Paris Ayotzinapa à propos de l’assassinat des 43 étudiants d’Iguala
– Article de Reporterre, "Le sale business des éoliennes d’EDF au Mexique", 24/10/2019.
– A voir et à lire : "Istmeño, le vent de la révolte", d’Alèssi Dell’Umbria (documentaire, 2015 - et un livre du même nom, éditions du Bout de la ville, 2018.
— musiques : Ayotzinapa Ruge (GranOM) - For Those (Lengualerta) - Protesta (GranOM & Co.) ---
– images venant des collectifs + photo des champs d’éoliennes (crédit Alèssi Dell’Umbria / Reporterre) + ci-dessous carte des différentes ZEE (zones économiques) en projet dans la région (crédit Radio Zapatista)