Quel sens donner à la mise en scène, par le biais de la "requalification" et de "l’animation événementielle" de certains espaces publics, d’une urbanité placée sous le signe de la réappropriation ludique et conviviale de la ville ?
Opportunité offerte aux citadins de faire valoir leur vision propre du « vivre ensemble » et leur aptitude à la mettre en œuvre ? Plutôt mise en condition et normalisation à visées à la fois consensuelles et commerciales.
Il s’agira de montrer, exemples à l’appui, dans quel contexte et avec quelles finalités se met en place ce "dispositif", au sens que le philosophe Giorgio Agamben donne à ce concept : « Tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours ».
« Qu’est-ce qu’une société (ou une Cité) disneylandisée ? Peut être appelée ainsi toute société où les maîtres sont les maîtres des attractions, et les esclaves spectateurs ou acteurs de celles-ci. » (Philippe Muray)
Le néo-citadin de la ville festive diffère notablement de celui dont avaient accouché les "Trente glorieuses". Si son successeur "post-moderne" reste plus que jamais normalisé, formaté, calibré comme consommateur de biens, de services et de spectacles, il se veut désormais un consommateur actif : la passivité a fait place à la "participation".
En fait, il ne fait que se plier à la stratégie de "communication" externe et interne des élus locaux. À coups d’"animations", de "manifestations" et autres "événements" programmés, ceux-ci cherchent à s’assurer la coopération massive et dynamique des habitants transmués en figurants bénévoles sur les espaces publics scénographiés.
Cette image d’une population enthousiaste, participante et soudée est censée donner corps à la nouvelle identité de la ville et l’aider à se démarquer de ses rivales dans la « concurrence libre et non faussée » entre Cités.
Autant dire que le "consom’acteur" urbain est non seulement la cible, mais aussi le vecteur de la publicité municipale.
Les Amis d’Orwell ont diffusé mardi 2 mars un extrait du 1er volet de ce cycle
Les Amis d’Orwell, l’émission de Souriez, est diffusée sur Radio libertaire, 89.4, un mardi sur deux, de 16 h à 17 h.
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