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12/12/03 MANIF à GENEVE

Contre le SMSI

jeudi 11 décembre 2003, par souriez

Le Sommet Mondial de la Société l’Information se réunit à Genève du
10-12 décembre. 54 chefs d’Etat(dont des dictateurs), des grosses
multinationales, quasi autant de flic qu’au G8... Pas de forum pour ces
tyrans qui se reclament « représentant des peuples du monde », manif et
actions de perturbations le 12/12/03


Du 10 au 12 décembre 2003 se tiendra à Genève le premier Sommet Mondial
sur la Société de l’Information. Organisé par l’UIT (Union
Internationale des Télécommunications) ce sommet sera suivi d’une
deuxième phase à Tunis du 16 au 18 novembre 2005. Il tire son origine
d’une idée apparue dans les années 1990 : utiliser les nouvelles
technologies d’information et de communication comme un outil de « 
développement. » L’UIT a fixé trois grands objectifs au sommet : « 
permettre l’accès à tous aux technologies de l’information et de la
communication (TIC), faire des TIC un outil de développement, donner
confiance et sécurité dans l’utilisation des TIC. » Le SMSI s’abrite
derrière une rhétorique humanitaire : combler la « fracture numérique »
entre les pays industrialisés et les pays en développement. Aussi, le
projet de charte nous paye de mots : éradication de la pauvreté et de la
faim, égalité hommes-femmes, lutte contre la mortalité infantile, etc.,
etc. Ces palabres onusiennes servent d’écran de fumée à des négociations
relatives à l’ouverture de nouveaux marchés aux transnationales de
l’information et de la communication des pays industrialisés, notamment
dans les pays africains.

Ainsi, ils présentent le SMSI comme un sommet « de genre nouveau »
réunissant gouvernements, secteur privé et société civile. Parfum connu
 ? Normal : la recette ne change pas. Seulement le petit club des « 
global leaders for tomorrow » de Davos s’autoproclament cette fois-ci
sans vergogne les « représentants des peuples du monde » (!). Parmi les
56 chef d’Etats ou de gouvernements présents à Genève lors du sommet se
trouveront des dictateurs, des criminels et des faiseurs de guerres
notoires, bien connus pour leur respect des droits fondamentaux : Ben
Ali (Tunisie), Alexander Lukashenko (Belarus : particulièrement efficace
dans la répression des mouvements sociaux), Pervez Musharraf (Pakistan),
J. Maria Aznar (Espagne : fidèle allié de Georges Bush), Fidel Castro
(Cuba), J-P Raffarin (France), plus quelques dictateurs venus d’Afrique,
du Moyen-Orient ou de pays de l’ex-URSS. De même, les représentants des
grosses multinationales de la communication seront bien présents :
spécialistes des fusions au coût social élévé (AOL, Vivendi
Universal...) ou de la manipulation de l’information (CNN, NBC), etc.
Bien entendu, l’organisation a pris soin d’inviter également la « 
société civile » pour l’associer à l’élaboration de « solutions » :
quelques ONG triées sur le volet tiendront certainement leur habituel
rôle de figurants pour rendre plus crédibles (ou moins invraisemblables)
les « bonnes intentions » proclamées par la charte en leur apportant
leur caution de légitimité. Comme au World Economic Forum, elles
interviendront cependant dans des moments et des lieux soigneusement
agendés par les organisateurs pour ne pas avoir trop d’audience ; et
comme au WEF, certaines ONG qui, dans un premier temps, avaient accepté
l’invitation, se sont depuis retirées en accusant le sommet de les
manipuler et de ne pas tenir ses promesses.

Pour ce qui est du fond, le tableau est tout aussi scandaleux. En
premier lieu, les problèmes abordés le serontprincipalement sous un
angle technique et non pas politique. Ensuite, certains sujets
essentiels à tout débat sur l’information et la communication ne seront
délibérément pas abordés :

— La concentration des médias est de plus en plus importante
(aujourd’hui, 29 sociétés contrôlent le — de l’information mondiale) et
met gravement en danger la pluralité et la qualité de l’information.
— La diversité culturelle sérieusement menacée par la mondialisation
capitaliste. La généralisation de la « culture occidentale » (Hollywood
ou Wall Street English) nuit toujours plus à l’autodétermination et à
l’autonomie locales.
— Les menaces sur les libertés individuelles. Un des objectifs du
sommet est de discuter des instruments pour accroître la « sécurité »
dans les moyens de communication : fichage et espionnage des échanges
informatiques par le biais de systèmes de surveillance du type « Echelon. »
— Les Droits de l’Homme. Les pressions ont été fortes pour qu’ils
soient inscrits comme principe universel de la « société de
l’information », mais il semble qu’au final ils ne figureront pas dans
la charte.

De plus, les méthodes prônées par les organisateurs du sommet pour
atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés sont les libéralisations et
les privatisations. En effet nombre des sujets abordés lors du sommet
ont d’abord été discutés à l’OMC. Peu avant Cancun, par exemple, les
Etats-Unis ont proposé la libéralisation des radios (le media le plus
important) dans le cadre de l’Accord général sur le commerce des
services (AGCS). La privatisation a des effets désastreux sur l’accès à
une information fiable et plurielle. En outre, elle aboutit à une
société inégalitaire dans laquelle les infrastructures et les services
sont concentrés dans les zones les plus riches, qui seules constituent
des marchés rentables.

Il va sans dire que, pendant les trois jours du SMSI, les libertés
démocratiques des habitants de Genève risquent d’être fortement réduites
par un dispositif sécuritaire de grande envergure. Malgré la colère qui
s’est exprimée lors des sommets de l’OMC, du FMI, du WEF et, plus
récemment, du G8, les autorités s’entêtent à accueillir des événements
de ce type.

Une manifestation contre les autoproclamés « représentants des peuples
du monde » partira de la zone piétonne du Mont-Blanc le vendredi 12
décembre à 12h00.

Et, toute la journée, blocages et perturbations.

Pas de forum pour les tyrans !

Collectif de résistance au SMSI


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