Éveline Sire-Marin, magistrate, est membre de la fondation Copernic. Elle milite au Syndicat de la magistrature et à la Ligue des droits de l’Homme (LDH).
Pour la fondation Copernic, elle a dirigé l’ouvrage Filmer, ficher, enfermer, vers une société de surveillance (Syllepse, 2011). Ce document aborde différents aspects du système sécuritaire : la normalisation de la société avec le psychanalyste Roland Gori, les prisons avec Julien Bach, juriste, les technologies de surveillance avec Jean-Claude Vitran, de la LDH, la psychiatrie avec Anne-Marie Alléon et Odile Morvan.
Pour Éveline Sire-Marin, la société de surveillance se déploie dans le temps et l’espace : les délais de prescription s’allongent, la rétention de sûreté admet la poursuite de l’incarcération une fois la peine de prison terminée, les fichiers gardent nos données de plus en plus longtemps (25 ans pour le fichier de police Stic), nous sommes suivis à la trace avec notre téléphone mobile ou GPS.
Éveline Sire-Marin décrit longuement la dernière loi sécuritaire, la Loppsi 2, qui met en place la téléjustice et des milices de voisins équipés de flash balls. Cette loi liberticide développe l’emploi par la police de logiciels mouchards qui enregistrent les frappes sur l’ordinateur, font des captures d’écran, à l’insu de l’utilisateur et pendant 8 mois. Pour la magistrate, nous vivons dans une "société où la répression est implacable pour les plus faibles, compréhensive pour les autres". Ainsi, les affaires de délinquance financière peuvent être classées par le parquet si le préjudice est inférieur à 70000 €. Elle dénonce les liens entre les intérêts des sociétés privées et le recours à certaines technologies pénales dans l’exécution des peines.