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Avec Tapage (Canal Sud)

Justice coloniale en Kanaky

vendredi 15 novembre 2024, par Les Amis d’Orwell

Emission du 15 novembre / Reprise du podcast Tapage (Canal Sud Toulouse) //


Depuis le mois de mai, le Caillou comme on appelle la-bas la Kanaky, est le théâtre de fortes tensions politiques et sociales suite à la volonté de l’État français de remettre en cause le code électoral, contre l’avis de tous les partis et mouvements indépendantistes kanaks.

L’équipe de Tapage s’est entretenu avec Louise Chauchat l’une des avocates du bareau de Noumea qui défend 3 des 7 indépendantistes poursuivis par la justice française et qui ont été placés en détention provisoire depuis l’été dernier, poursuivis par 7 chefs d’accusation pour avoir incité à la révolte ; des incarcérations dénoncées par la défense puisque les prévenus ont été emprisonnés en métropole, ce qui s’apparente à de misérables déportations ; entre-temps, Joel Tjibaou, le fils de Jean-Marie Tjibaou, leader indépendantiste des années 80 et 90, a été transféré pour être détenu à Nouméa. Alors ce ne sont bien sur que des détentions provisoires, l’instruction va sans doute durer au moins 1 ou 2 ans, avant qu’ils ou elles ne soient jugé-es.

En Nouvelle Calédonie, le traitement judiciaire des révoltes qui ont suivi les mobilisations est assez monstrueux. Dans l’entretien qui va suivre, Louise Chauchat cite des chiffres qui ont depuis évolué. En gros, selon le dernier bilan du parquet de Nouméa diffusé le 7 novembre, il y a eu 3000 interpellations, 2500 gardes à vue (dont 10 % de personnes mineures), 632 convocations pour un procès ultérieur, 515 mesures alternatives aux poursuites (avertissements ou classements sous conditions, qui permettent de condamner sans jugement), 490 déferrements au tribunal, des centaines de comparutions immédiates et 236 mandats de dépôts, c’est-à-dire des prévenu-es placé-es ou maintenu-es en détention provisoire en attente du procès. Sur les 2500 GAV annoncées, il y a eu quand même 485 classements sans suites (donc autant de personnes arrêtées sur qui ne reposait aucune charge), soit 20% des procédures.

 Écouter le podcast original sur le site de La Sellette (enregistrée avant le 18 octobre).

 Version diffusée sur RL

Justice coloniale en Kanaky - par Tapage
Les Amis d’Orwell / Tapage - Canal Sud (nov 2024)

--- musiques : ICI (Marcus Gad) - Justice coloniale (Waan) - générique Tapage : Comme Le Juge (Daniel Vangarde, 1975) ---

PLUS D’INFOS
 Les ressources citées plus bas
 Un guide très bien fait suite aux détentions / déportations de l’été dernier : "Petit guide en cas de déportation d’un-e proche détenu-e" (par Solidarité Kanaky)
 "Une colonie en lutte pour son indépendance" (par Survie)

PRÉSENTATION DE L’ÉMISSION PAR L’ÉQUIPE DE TAPAGE

En Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’institution judiciaire a accompagné la répression militaire des révoltes qui ont commencé en mai dernier. Trois mois après le début des événements, le procureur de la République de Nouméa annonçait plus de 2000 gardes à vue, 238 comparutions immédiates et 196 incarcérations.

Louise Chauchat, qui défend Brenda Wanabo-Ipeze, Joël Tjibaou et Guillaume Vama, trois militant⋅es de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), nous parle de la lourdeur des peines, des plaidoiries problématiques de certain⋅es avocat⋅es, de l’envoi en détention provisoire de militant⋅es indépendantistes (en métropole pour certain⋅es d’entre eux et elles), de la demande de dépaysement du dossier.

Au-delà de la répression de la contestation récente, elle évoque aussi la justice pénale ordinaire, rendue par des magistrat⋅es qui viennent de métropole et qui cible les populations kanaks.

Edit : à l’heure de l’enregistrement cette émission, Joël Tjibaou était encore en détention provisoire à Nouméa. Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire le 18 octobre.

Ressources citées pendant l’émission :

Louise Chauchat commente plusieurs passages d’un article du Monde de Mathurin Derel, « Nouvelle-Calédonie : les émeutes, révélatrices d’une fracture entre le monde kanak et l’institution judiciaire », 31 mai 2024. [abonnés]

Musique :

Waan, « Justice coloniale »

Marcus Gad, « ICI »

 Pour plus de renseignements, le collectif Solidarité Kanaky (https://solidaritekanaky.fr) rassemble des mouvements associatifs, syndicaux ou politiques qui agissent pour le droit à l’autodétermination des Kanaks et pour l’indépendance de Kanaky.
 Pour une actualité plus locale dans la région de Toulouse, voir le blog de Survie 31 (https://survie31.over-blog.com).


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