OBSERVATOIRE DE LA SECURITE PUBLIQUE ET
DE L’ETAT DES LIBERTES
en Nouvelle-Calédonie
O.S.P.E.L
B.P 9101 / E-mail : dascaignac(AT)mls.nc
« Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie » (PREVERT)
Réf 36/Y.D/O7
Nouméa le 29/09/07
Communiqué de presse
La Vidéosurveillance à Nouméa : bénéfices politiques et effets pervers.
Après avoir mis en place, sans concertation et pour complaire à un syndicat contestataire, une Brigade canine qui n’a aucune justification opérationnelle, voilà que la Mairie de Nouméa annonce l’installation d’un système de vidéosurveillance dans le centre-ville.
Ce vieux projet, au coût élevé, ressort comme par hasard en période préélectorale sans que son efficacité soit certaine.
Les seules évaluations sérieuses proviennent de Grande-Bretagne ou la vidéosurveillance est présente dans toutes les villes. Il en ressort que ces dispositifs ont un effet limité sur la délinquance. En effet, malgré la présence de caméras, les délits sur les personnes ne baisseraient pas.
On reconnaît que le dispositif peut avoir un effet dissuasif à condition qu’il s’accompagne de mesures actives de prévention, ce qui n’est pas le cas à Nouméa ou la police municipale n’assure pas une présence de proximité dans les quartiers et ou la police nationale peine à laisser ses postes de police décentralisés ouverts après 16 heures…….
Il peut s’avérer par contre très utile en matière de recherches de terroristes grâce à l’identification qu’il permet des poseurs de bombes. Sommes-nous dans une situation comparable à Nouméa ?
Selon les meilleurs spécialistes de la question, la présence de caméras ne règle pas le problème de la délinquance de voie publique mais le déplacerait plutôt. Quand la délinquance baisse dans le centre ville, elle augmenterait d’autant à la périphérie…
L’initiative inconsidérée de la Mairie risque d’amener le déplacement des délinquants vers les quartiers périphériques de Nouméa, accentuant l’insécurité au sein de zones déjà « sensibles ».
Par ailleurs la vidéosurveillance n’est pas une machine à tout faire. Il ne suffit pas de signaler un vol à l’arraché dans une rue pour en arrêter l’auteur ( Hypothèse optimiste, en l’occurrence il s’agirait plutôt de constater la présence de SDF….aux endroits qu’ils fréquentent habituellement ! ).
Il faut encore que les policiers ( municipaux et nationaux ) soient capables de réagir immédiatement et de coordonner leurs interventions sous un commandement unifié qui ne peut relever à Nouméa que de la police nationale.
Nous sommes loin de cette synergie pourtant indispensable…La Convention de coordination entre Police Nationale et Police Municipale ( prévue par la Loi sur les Polices Municipales de 1999 ) n’a jamais été mise-en-place ici.
La décision d’installer un réseau de vidéosurveillance aurait d’ailleurs dû être prise dans le cadre du Contrat Local de Sécurité ( dont c’est la tâche de regrouper les acteurs de la sécurité, de fixer les objectifs et de mutualiser les moyens ) sous l’autorité judiciaire qui est aussi, ne l’oublions pas, la gardienne des libertés publiques.
Si cela n’a pas été fait…..pourquoi donc ? à quoi sert donc le C.L.S ?
Autant dire qu’il s’agit là d’une initiative précipitée, à caractère symbolique et à motivation éminemment politique, très éloignée des problèmes réels posés par la délinquance à Nouméa et des moyens organisationnels et opérationnels d’y faire face.
M. Jean-Pierre GUILLEMARD, 2ème Adjoint au Maire, devant sa gestion désastreuse de la Police Municipale et son incapacité à répondre aux problèmes irrésolus de circulation, de bruits , d’alcoolisme public et d’insécurité grandissante…n’a rien trouvé de mieux que d’imposer un nouveau gadget, coûteux et à l’efficacité aléatoire.
L’OSPEL s’adressera au Haut-commissaire et au Procureur de la République pour qu’ils refusent d’autoriser un tel système de surveillance tant que les conditions de son efficacité ne seront pas réunies et que les libertés publiques des citoyens ne seront pas protégées et garanties.
Le PRESIDENT