Souriez vous êtes filmé·es

Surveillance globale

Technopolice, au rapport !

dimanche 20 décembre 2020, par Les Amis d’Orwell

Émission du 18 décembre 2020 //


Les Amis d’Orwell ont invité deux membres de la Quadrature du net pour faire le point sur le projet de loi « sécurité globale » qui fait beaucoup parler depuis le mois d’octobre. Il ne sera pas question du fameux « article 24 », qui a cristallisé la contestation alors que toute la loi est à jeter. Elle prévoit notamment une extension des pouvoirs des polices municipales comme un recours croissant à la « surveillance globale » dans l’espace public et les manifestations, via les « caméras piétons » que devront porter tous les policiers mais surtout par l’usage massif des drones — des « roboflics » en puissance, qui pourront identifier n’importe qui passant dans son champ de vision.

La Quadrature mène plusieurs combats sur ces différents axes, notamment dénoncer le recours courant et décomplexé des techniques de « reconnaissance faciale ». L’ONG a remarqué que la possibilité de comparer la photo d’un visage prise dans l’espace public avec un fichier policier était légale et possible depuis 2012, date du décret qui a créé le fichier TAJ — « traitement des antécédents judiciaires », qui répertorie des données policières, et non judiciaires, sur environ 18 millions de personnes, suspects, témoins ou victimes (fusion des fichiers STIC et JUDEX gérés par la police et la gendarmerie). Le TAJ contient aussi 8 millions de photos. Et bien en 2019, selon des données publiques, la police a utilisé ce fichier pour faire de la reconnaissance faciale 375 000 fois ! Et plus de 200 000 fois durant les six premiers mois de l’année 2020. Soit plus de 1000 traitements par jour.

Cela rappelle les projets effrayants de l’importateur français du pistolet Taser, il y a plus de dix ans, d’équiper des drones d’engins offensifs, comme des gaz chimiques ou des grenades, ou même des balles "électrocutantes" que Taser cherche à vendre partout afin de maîtriser à distance un individu que la police considère dangereux (cf le Big Brother Awards décerné en 2007).

Nous nous pencherons sur le nouveau schéma du maintien de l’ordre, qui a besoin de ces roboflics pour imposer sa loi dans la rue et les quartiers populaires, comme du Livre blanc sur la sécurité qui est sorti opportunément au même moment que la LSG. Enfin, une autre annonce est venue s’y ajouter : les nouvelles capacités de fichage policier avec 3 décrets qui modifient fondamentalement les casiers de la police politique (PASP, EASP, GIPASP), trois rejetons de feu EDVIGE (fichier des RG sorti en 2008, sous Sarkozy). Désormais, la seule « opinion », et non plus « l’activité » politique ou syndicales peut être fichée, comme de simples « groupements » connus uniquement à travers le prisme du fantasme policier.

 Écouter l’émission (lecteur ci-dessous ou écoute directe)

Musiques

 On a débuté cette émission avec « Les spécialistes », de Léo Ferré (texte de Jean-Roger Caussimon), car il a été cité par le ministre Darmanin en personne (audition parlementaire, 30/11/2020) dans une de ses tirades sur les « black blocs », sous-entendant que les lanceurs de pavés seraient manipulés par des meneurs de salon qui ne se font jamais attraper... (Une chanson décryptée ici).
 Nous la terminons avec un morceau d’anthologie, « 13 minutes 12 contres les violences policières », sorti dimanche 13/12 à 13h12, une quarantaine de rappeurs se sont succédé pour rendre hommage aux familles de victimes de crimes policiers, avec en guest Ramata Dieng, de Vies Volées. Le clip à voir ici 
 Pause musicale : "Flic de Paris", de Jehan Jonas (1967)

Images : extrait de la cartographie des fichiers paru dans la revue Z, n°11, 2018 — un drone de la police nationale (actu17.fr)


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