Souriez vous êtes filmé·es

Le samedi 2 novembre à Saint-Denis

Les Sales bobines, des documentaires qui détonnent

lundi 7 octobre 2013, par Les Amis d’Orwell


Salle Marcel Paul

12 h 30-14 h
Le Pendule de Costel de Pilar Arcila (2013, 68 min, France)

Issus de la communauté Rom de Roumanie, Costel et sa famille élargie se déplacent entre la France, la Suisse et leur propre pays, à la recherche d’un moyen de gagner leur vie. Film de famille et archive poétique du présent, le documentaire se place à la croisée des regards et suit leur quotidien fait de débrouilles, de croyances et de survie.
Entre errance et migration économique, le parcours de Costel nous parle d’une Europe à économie variable mise à l’épreuve de ses rêves et de ses communautés les plus démunies.

Film suivi d’un débat avec la réalisatrice

Ecouter l’interview de la réalisatrice

14 h 15-16 h 15

Cha Fang de Zhu Rikun (2013, 20 min, Chine)

Venu soutenir un partisan des droits de l’homme à Xinyu, le réalisateur allume discrètement sa caméra quand les policiers viennent “inspecter” la chambre d’hôtel qu’il partage avec ses compagnons. Dans un espace-temps exigu, le contrôle de police, visiblement orienté, tourne au petit théâtre de l’absurde, focalisé sur un faux malentendu autour de la nationalité de Zhu Rikun. Devant son passeport chinois, l’insistance du policier à lui redemander par oral sa nationalité porte le pavlovisme bureaucratique aux confins du burlesque, renforcé par le fait que la fine équipe de limiers, qui ne se sait pas filmée, allume elle-même une caméra… Le cadrage qui décapite certains d’entre eux traduit, quoiqu’involontairement, l’attitude robotique et servile de ces canards sans tête, ces bras armés du pouvoir qui oublient jusqu’au sens de la question qu’ils posent. L’effet de ce dispositif minimal serait franchement comique, s’il ne révélait, en vingt minutes de métrage en temps réel, la violence de l’oppression d’État : son éradication de la relation de cause à effet, en un vertige qu’un livre comme La Question d’Henri Alleg ou qu’un film comme S 21 la machine de mort Khmère rouge de Rithy Panh, ont en leur temps porté au jour. (Charlotte Garson, Cinéma du réel 2013)

Suivi de :

Atalaku de Dieudo Hamadi (2013, 60 min, France et République démocratique du Congo)

L’élection présidentielle de 2011 fut la deuxième élection libre seulement, depuis l’indépendance de la République démocratique du Congo en 1960. Gaylor, pasteur sans-le-sou (comme une majorité des neuf millions d’habitants de Kinshasa) se métamorphose en atalaku, “crieur” en lingala. Il fait affaire avec le député le plus offrant dont il assure la publicité dans la rue et pour qui il déniche des musiciens qui composeront la chanson de sa campagne. Atalaku n’aurait sans doute pu être tourné par un non-Congolais, tant il semble faire corps avec ceux qu’il filme – le réalisateur est parfois sommé de filmer tel bourrage d’urnes, et la foule trop dense s’écarte à son passage, confusément convaincue qu’il faut un témoin. La construction du film rend compte d’un effet domino entre l’atalaku et les relais qu’il paie à son tour – musiciens, vendeuses, danseurs… –, jusqu’au vertige puisque Gaylor, prêcheur d’un dieu bien éphémère, se voit reprocher son incapacité à tenir les promesses des autres. En choisissant de continuer à tourner deux semaines après l’élection, Hamadi ménage un épilogue en forme de sortie de l’immersion parfois violente qui fait aussi la force de son film. (Charlotte Garson, Cinéma du réel 2013)

Films suivis d’un débat avec les réalisateurs

16 h 30-18 h

Kelly de Stéphanie Régnier (2013, 65 min, France)

À portée de regard, l’Europe se profile comme une entité floue. Elle reste inatteignable pour Kelly qui l’observe avec rage. Devant la caméra, elle rejoue son destin : sa vie sage au Pérou, sa vie clandestine en Guyane française, la famille, l’amour, la débrouille. L’une des scènes de Kelly, documentaire poignant réalisé par Stéphanie Régnier et présenté au Cinéma du réel, montre l’héroïne qui résume son périple à travers l’Amérique du sud en un coup de crayon. Derrière la simplicité des traits dessinés sur une feuille à carreaux, on devine l’immensité de l’épreuve. Kelly marche sur ce principe : film de chambre mais ouvert sur l’immensité du monde, film sur l’absence mais dont les protagonistes semblent omniprésents. Kelly évoque les souvenirs de sa mère, son rapport complexe aux hommes. La caméra de Régnier s’échappe, capture quelques instants sur les terrasses de Tanger : ici une mère et sa fille, là quelques hommes, des ouvriers, des kékés, un homme qui se douche. Des images qui semblent volées au voisinage comme elles seraient tirées de la tête de Kelly, le film mêlant avec talent le doc brut (témoignage face caméra de Kelly, clandestine et expatriée) et une part de fiction, de fantasme (ce que la jeune femme imagine de sa vie d’ailleurs). L’autre refrain visuel de Kelly, ce sont ces plans de bateaux qui naviguent dans le détroit de Gibraltar, et l’horizon si proche de l’Espagne. Il y a évidemment une ironie tragique dans cette proximité, cette dizaine de kilomètres qui sépare le Maroc de l’Europe, et le fait que le but de Kelly (rejoindre la France et sa mère) semble inatteignable. Et il n’y a pas une once de mélodrame dans le regard posé par Régnier sur Kelly. La réalisatrice l’écoute, Kelly faisant le reste : morgue et hargne, prolixe et passionnée ; sa voix a quelque chose, comme l’indique Régnier, de l’ordre d’une performance cathartique. En plus d’un portrait vibrant, Kelly raconte un état du monde, et la volonté de fer d’une petite femme qui se bat pour briser ses règles. (Nicolas Bardot, Cinéma du réel)

Film suivi d’un débat avec la réalisatrice

Ecouter l’interview de la réalisatrice

18 h 15-20 h
Les Chebabs de Yarmouk d’Axel Salvatori-Sinz (2012, 77 min, France)

Les Chebabs sont un petit groupe de garçons et de filles qui se connaissent depuis l’adolescence. Aujourd’hui, au seuil de l’âge adulte, ils ont une véritable soif de vivre et d’absolu, mais sont confrontés à des réalités complexes.
Entre le besoin de liberté et l’appartenance au groupe, le désir de révolte et la perspective d’une vie bien rangée, les choix sont difficiles ; mais tout l’est plus encore quand on est réfugié palestinien dans le camp de Yarmouk, en Syrie.

Film suivi d’un débat avec le réalisateur

Ecouter l’interview du réalisateur

Salle Louise Michel

12 h 30- 14 h

Je pense de Souad Kettani (2006, 54 min, France)

Des élèves de terminale technologique – option génie mécanique – s’initient à la philosophie, une discipline qui remet en cause l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et qui représente un premier pas vers la conquête d’un droit d’expression. Une expérience incroyablement surprenante qui oblige à revoir pas mal d’idées reçues, à mettre en question son enseignement, ses façons de voir et de faire.
C’est aussi la rencontre entre deux mondes que tout oppose, deux mondes où l’on ne parle pas la même langue, où les repères changent. Mais, pour improbable qu’elle soit, cette rencontre éclaire d’un jour singulier la personnalité de ces élèves et les entraîne dans une aventure qui, même sans grand lendemain, ne les laissera pas tout à fait indemnes.

Film suivi d’un débat avec la réalisatrice

14 h 15-16 h

Trêve de Carmit Harash (2013, 88 min, France)

Toujours, et même pendant une période de trêve, les Israéliens attendent la prochaine guerre. Un destin inévitable, seul horizon imaginable.
Après Film de Guerre et Demain, Trêve clôt cette trilogie qui, à travers l’histoire personnelle, questionne les rapports des Israéliens à la guerre.

Film suivi d’un débat avec la réalisatrice

Ecouter l’interview de la réalisatrice
(Emission Un peu d’air frais du 2 juin 2013, Radio libertaire 89.4)

16 h 15- 17 h 45

Instructions pour une prise d’armes de Laurent Krief (2013, 60 min, France)

Une heure. C’est la durée de ce premier cours d’Instructions pour une prise d’armes.
Dans ce cours, le professeur sera le réalisateur ignorant d’un premier film pour toute une année scolaire. Le spectateur – puisque tout cours est un spectacle – doit ici être averti que ce film (un cours) ou ce cours (un film) sera porté par l’idée du communisme. La première leçon avant de commencer est : pas de leçon sur comment, quand, ni même pourquoi prendre les armes – que ce soit pour s’arracher à un état d’impuissance face à la tragédie à laquelle nous assistons ou pour se déjouer de notre rôle de victime dans cette même tragédie – ce qui peut revenir au même – mais seulement l’injonction : prenons les armes dans cette tragédie où le capital est devenu le réel de nos vies. Zizek. Voilà donc l’idée.

Film suivi d’un débat avec le réalisateur

Ecouter l’interview du réalisateur

18 h-19 h 45

Disparaissez les ouvriers ! de Christine Thépénier et Jean-François Priester (2011, 73 min, France)

Durant plus de 150 jours, les ouvriers de Legré-Mante ont occupé “leur” usine, leader sur le marché mondial d’acides tartriques, pour dénoncer une liquidation frauduleuse, manifester leur colère et réclamer justice. Ils n’ont rien obtenu de ce qu’ils demandaient et ont perdu aussi le procès en appel de la décision du tribunal de commerce qui avait prononcé la liquidation judiciaire.
Pourtant, quand on voit l’état d’abandon des bâtiments et des ateliers, pas besoin de beaucoup d’explications pour comprendre dans quelles conditions travaillaient les ouvriers de Legré-Mante. Pas besoin non plus de beaucoup de preuves pour penser que cette fermeture était planifiée depuis longtemps et cela pour des questions de profit à court terme (en l’occurrence, la vente du terrain idéalement situé face à la mer au pied du futur parc des calanques à Marseille).
Dans cet incroyable “décor”, les ouvriers apparaissent soudain comme les derniers survivants d’un monde que les spéculateurs voudraient voir disparaître.

Film suivi d’un débat

Ecouter l’interview de Jean-François Priester

20 h repas convivial

21 h 30 vélo-projection avec Chiche ! Paname

Festival réalisé avec la participation de la Dionyversité


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