Vincent Gazeilles (vert) nous a fait parvenir sa lettre [2]
, il a été le seul élu au conseil général des hauts de seine à s’être opposé à la vidéosurveillance en votant à plusieurs reprises contre.
Le 3 Octobre dernier celui ci a rédigé un communiqué adressé aux membres des conseils d’administration des collèges des Hauts-de-Seine ainsi qu’aux fédérations de parents d’élèves en appelant à s’opposer à l’implantation de la vidéo surveillance.
Il dénonce dans sa lettre
– "l’atteinte aux libertés individuelles
– le coût pour la collectivité de plusieurs millions d’Euros sans efficacité démontrée
– le marché juteux pour quelques sociétés en embuscade ainsi qu’
– une mystification de la réalité laissant croire que la technologie est la clé de la sécurité dans les lieux publics"
Et appelle les conseils d’administration des collèges (composés également des représentants des parents) à voter contre ce projet coûteux et inefficace en proposant de demander plutôt des moyens humains supplémentaires.
En étant le seul à voter contre la vidéosurveillance à plusieurs reprises puis en appelant à la résistance Vincent Gazeilles se distingue du consensus politique et décisionnel usuel accordé à ce procédé de contrôle.
Ainsi lorsqu’avait été soumis au conseil général le principe d’installation de vidéosurveillance dans les lycées des hauts de seine le 21- 22 juin 2001 mais également lors du vote des études pour la mise en place de systèmes de vidéo-surveillance dans les établissements scolaires et l’approbation du lancement de la procédure d’appel d’offres sur performances pour le choix du procédé technologique le 15 oct 2001.
Vincent Gazeilles déclare :
"Alors que les demandes de médiateurs se multiplient dans les collèges, ce projet n’en tisse aucun, pire, il en détruit."
QUEL COUT ?
En 2002 le budget du conseil général des Hauts-de-Seine ètait d’un montant de 1,081 milliard d’euros avec une prévision pour l’installation d’équipements de vidéo-surveillance dans les collèges de 1,68 million d’euros et de 3,81 millions d’euros pour la sécurisation des bâtiments scolaires. [3]
C’est la société GLOBAL E VISION [4] qui empochera près d’un 1,3 million d’euros pour ce marché mais uniquement pour la seule prestation technique du système dans 60 établissements.
Ne sont pas comptabilisés : le coût de l’intervention pour le raccordement au CSVD d’un collège supplémentaire (11 458,00 euros au-delà des 60) ainsi que le raccordement d’un poste de consultation externe( Police, etc.…) de 11 458,00 euros.
Or "GLOBAL E VISION ne sera pas chargé de réaliser les travaux puisque ceux ci donneront lieu à un nouvel appel d’offre" [1].
Les frais engagés pour la vidéosurveillance ne sont donc pas arrêtés.
Alors que les socialistes dénoncent la fac "pasqua" (Pôle L. de Vinci) et se questionnent sur le budget alloué aux étudiants (plus de 10.000 € par étudiant) ou sur la répartition du budget éducatif [5] déclarent "Ce que l’on comprend moins, c’est que les principes d’excellence, notamment en matière d’équipement, du pôle Léonard de Vinci ne soient pas appliqués aux collèges. C’est dire en fait que les
subventions accordées à l’un le sont au détriment des autres."
L’argent investit dans la surveillance des enfants (les terroristes de demain) ne sera donc pas mis à profit pédagogique. Le budget accordé au sécuritaire ne servira pas aux fournitures scolaires, à la création de bibliothèques, de cantines, à l’aide aux enfants en difficultés scolaires ou bien sur au soutien du personnel enseignant.
Des millions d’euros vont être investis dans l’apprentissage sécuritaire.
Sous sa façade légale et sous couvert de progrès technologique, la drogue sécuritaire distribuée sur le marché français se distille dès le collège, car son accoutumance et sa soumission se font dès le plus jeune âge.
Quel adulte sain accepterait de se voir filmé par son entreprise sachant que ses images sont gérées par un poste de police ?
Pasqua, bien connu pour rêver d’un grand fichier numérique de la population (mise en place de la carte d’identité numérique, du passeport delphine, de lois liberticides combattus par les défenseurs des droits de l’homme...) voudrait-il transformer les collèges en centre de haute surveillance ?
Il faut savoir que la vidéosurveillance installée à Levallois Perret en 1995 sous l’égide de Mr Pasqua (poulain P.Balkany) ètait censée ne surveiller que les voitures mais a servi de laboratoire d’expérimentation avant d’être généralisée en France.
Depuis, les "progrès" technologiques aidant, un redoutable outil de contrôle et de fichage des personnes avec reconnaissance faciale, reconnaissance des comportements déviants, analyses biométriques, bases de données nominatives... s’est mis en place.
Refuser l’installation des systèmes de vidéosurveillance dans les collèges, ç’est refuser que des enfants puissent servir de cobayes
aux nouveaux systèmes de contrôles technologiques et soient possiblement fichés (voir le logiciel SIGNA primé aux BBAwards mis en place dans les collèges pour recenser la violence [6]
).
Lors de la commission permanente du 22/09/2003 [1] qui a décidé de quel prestataire technique élargirait la vidéosurveillance aux 90 collèges du département,
Monsieur Pasqua [7] déclame :
"Sur différents prestataires techniques c’est GLOBAL E VISION qui est lauréat. La cohérence globale de la solution proposée, sa qualité d’emploi, la fiabilité, la facilité d’utilisation, sa rapidité de fonctionnement et de réaction, l’ergonomie, la convivialité, la redondance des fonctionnalités, et les possibilités d’utilisation pour d’autres applications" ...
Quelles seront donc les autres applications ? le recroisement avec un fichier génétique ? avec le numéro de sécurité sociale ? le fichier des étrangers ? le système SIS [8] ?
En plus de la défense du droit de chacun à disposer de son image nous ne pouvons accepter de tels risques de dérives et nous appelons les parents, enseignants et les personnes désireuses de ne pas sombrer dans une société de peur et de contrôle technologique à s’opposer à l’instauration des systèmes de vidéosurveillance dans les collèges.