Souriez vous êtes filmé·es

Hôpitaux en colère

Ça craque aux urgences

jeudi 20 juin 2019, par Les Amis d’Orwell

Émission du 14 juin 2019 //


Un mouvement de grève complètement inédit perdure depuis maintenant trois mois dans les services d’urgences hospitalières. Les Amis d’Orwell reçoivent pour en parler quatre membres du collectif Inter-Urgences, deux aides soignantes de Saint-Antoine et deux infirmier-ère-s de Lariboisière, les deux établissements parisiens (AP-HP) qui ont été les premiers à se mobiliser. Le 14 juin, près de 110 services étaient en grève, sur un total d’environ 640 (dont 524 publics), alors qu’ils n’étaient que 62 le 20 mai dernier.

Le collectif Inter-Urgences est parvenu à souder le mouvement en restant ferme sur ses bases initiales, à savoir porter la voie du personnel paramédical, les médecins restant « en soutien » sans prendre part au cœur du mouvement. Le collectif est également parvenu à obtenir le soutien des principales organisations syndicales représentées dans les hôpitaux, sans se laisser déborder par les états-majors…

Après des semaines de grève, le très conservateur Ordre des médecins est sorti de sa réserve, alors que le gouvernement a longtemps fait semblant de s’y intéresser. Le 6 juin, une manifestation nationale s’est terminée devant le ministère de la Santé. C’est le directeur de cabinet d’Agnès Buzyn, et non la ministre elle-même, qui a reçu la délégation. Une semaine plus tard, le 14 juin, la grève étant encore plus suivie, Buzyn a daigné enfin les recevoir. D’abord pour décider de gagner du temps – en commandant un nième rapport à un duo de médiateurs, le patron du Samu Social et un médecin député LRM. Ensuite en débloquant une enveloppe de 70 millions d’euros pour « sortir de la crise » (55 millions pour augmenter les primes et 15 pour embaucher des intérimaires… cet été seulement !). Si on rapporte ces « cadeaux » à chaque service, cela représente à peine le salaire d’une seule infirmière !

Début juin, certains agents ont frappé les esprits en obtenant des arrêts maladie, un droit que le personnel des hôpitaux a toujours appris à remettre à plus tard au risque de mettre en danger leurs collègues et les patients. Les revendications du collectif son loin d’être satisfaites. Il réclame toujours la création d’au moins 10.000 postes ETP (temps plein) dans toute la France, au moins 300 euros net de plus par mois sur les salaires (et non les primes), des conditions de travail dignes et ne mettant plus en danger les patients, et enfin un gel de la fermeture des « lits d’aval », permettant de transférer les malades traitées aux urgences dans d’autres services sans les renvoyer chez eux ou dans d’autres structures. En 17 ans, pas moins de 80.000 lits ont disparu dans les hôpitaux alors que dans le même temps, les urgences recevaient deux fois plus de patients (de 10 à 23 millions de passages) ! Le tout dans une ambiance de restriction budgétaire hallucinante. Pour la seule AP-HP, en 2019 près de 800 postes devaient encore être supprimés, dont 240 postes de soignants... Dans tout le pays, depuis 2005 ce sont 8.6 milliards d’euros d’économie qui ont touché l’ensemble des établissements de santé...

Les grévistes donnent déjà rendez-vous le jeudi 20 juin devant toutes les ARS (Agences régionales de santé, la tutelle des hôpitaux) et dans la rue le mardi 2 juillet pour une nouvelle manifestation nationale.

 Écouter l’émission
 Page FB du collectif Inter-Urgences :
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Musiques : "Colère dans le cathéter", interprété par les urgentistes de Valence ; reprise du morceau de Orelsan "Basique", par les urgentistes de Toulouse.


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