Souriez vous êtes filmé·es

Vidéosurveillance à Ploërmel : les micros se taisent...

...pas nous !

samedi 28 juillet 2007, par secu99

La municipalité de Ploërmel, la police et la gendarmerie municipale, le procureur et l’officier du ministère public, la Préfecture du morbihan et le ministère de l’intérieur espèrent-ils enfin chanter en choeur : "la vidéosurveillance à Ploërmel c’est merveilleux, la preuve : personne ici ne dit le contraire... " ?

Peine perdu. Malgrès la (ré)pression, des tables de presse s’organisent cet été dans les festivals à taille humaine du Morbihan ...


Pour avoir saisi de droit le Tribunal Administratif de Rennes afin de demander l’annulation de l’arrêté préfectoral autorisant le maire à vidéo-surveiller la ville de Ploërmel (9000 habitants), la municipalité poursuit l’auteur de la procédure pour requête abusive et demande 1000 € et les dépens. Avec le Procureur de la République, la commune se porte partie civile et réclame 1300 € pour affichage d’opinion anti-caméras sur les sites vidéo-surveillés. Par ailleurs, le T.A. ayant dénoncé comme abus de pouvoir (de police) les refus antérieurs du maire de nous accorder une salle de réunion, la mairie, mauvaise perdante, vient de modifier son règlement d’utilisation de la salle des fêtes, espérant ainsi reprendre en main cet espace de parole.

A « laboratoire sarkoziste », nous répondons « cobayes en colère »...

Le Collectif « Ploërmel sans vidéo » assure une veille « citoyenne » sur le dossier de la vidéo-surveillance mise en place par la municipalité et la communauté de commune.

Malgré les mises en garde du Collectif et les avis réservés de la Commission départementale, la Préfecture vient d’autoriser l’extension de ce système de contrôle à tous les sites demandés par le Maire de Ploërmel. Peut-elle vraiment justifier l’installation d’une soixantaine de caméras de vidéo-surveillance sur 14 sites, dont plus du quart dans des espaces publics ? Nous saisirons à nouveau le tribunal administratif pour le vérifier.

L’initiative de Cyril Alavoine, Directeur de Cabinet du Préfet, ne nous semble pas justifiée et peut être considérée comme une mesure d’hostilité. La vidéo-surveillance implantée à Ploërmel ne représente finalement que l’expression politique d’une manipulation méprisable. De la même façon que l’espace public n’est pas le « laboratoire » d’une autorité, nous ne sommes pas une population de cobayes entre les mains des potentats locaux. Les limites du tolérable étant franchies, où placer celles du supportable ?

Paradoxalement, la Préfecture soutient la mise en place des caméras mais ne répond pas à l’obligation de communiquer la liste des systèmes existants dans le Morbihan, document indispensable pour vérifier la légalité des caméras extérieures installées en ville par certains (gros) commerçants. Cette liste n’existe même pas à ce jour et cette carence fautive sert finalement à « couvrir » des installations en infractions !

Avoir « La » peur à Ploërmel « La » grotesque ...

Les caméras de la honte, à 1200 € pièce, sont équipées d’un système infrarouge, de zoom, de détecteur de mouvements, de micros et de hauts-parleurs normalement débranchés en attendant qu’une loi permette leur usage. Le grotesque est atteint quand on sait que les caméras ne sont en place, non par rapport à un acte isolé d’incivilité, mais seulement à l’équipement des bâtiment en fibres optiques (l’école maternelle F. Dolto, les « pépinières » d’entreprises, ...).

L’installation d’une vidéosurveillance urbaine n’apparaît pas comme une mesure adéquate, pertinente et non excessive qui respecte le principe de proportionnalité (recommandation CNIL du 21 juin 1994).

Un article du quotidien régional cite Dominique Pécaud, sociologue à l’Université de Nantes qui étudie l’impact sur la sécurité de la vidéosurveillance dans les espaces publics : « Bien souvent, la vidéosurveillance est installée alors qu’aucun diagnostic objectif n’a été fait.(...) Objectivement, rien ne justifie l’implantation de caméras ». Prenant la ville de New York en exemple, le maire communique aussitôt pour démentir les chercheurs et conclut qu’il ne « voit pas en quoi les caméras (...) sont une atteinte notoire aux libertés individuelles ».

A Ploërmel, la vidéo-surveillance des populations n’est pas une fatalité, mais une provocation que nous continuerons à dénoncer. En attendant le deuxième anniversaire de l’installation des caméras prévu à la mi-octobre 2007, des tables de presse s’organisent cet été dans les festivals à taille humaine du Morbihan comme le 18 et 19 août à Sarzeau pour le « Festival du Libre ».


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