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Seine-Rive Gauche : un quartier parisien bien policé

mardi 25 mars 2014

« La ZAC Rive Gauche est un exemple saisissant d’opération de grande ampleur où la sûreté occupe une place considérable, sans être pour autant être formalisée. » Telle est la conclusion d’un mémoire de master présenté à l’Institut Parisien d’Urbanisme de l’université de Paris XII-Créteil. Un mémoire typique de la formation ou, plus exactement du formatage auquel sont soumis les étudiants appelés à devenir des experts au service des aménageurs urbains, ou, à leur tour, des enseignants chargés de transmettre la vision officielle et consensuelle de « la ville de demain ».


Un mémoire qui, surtout, révèle en quoi l’opération Paris Rive Gauche, réalisée dans une zone occupée jusqu’au début des années 90 par des locaux industriels en partie désaffectés, d’anciens entrepôts frigorifiques de la SNCF et des installations ferroviaires, préfigure la civilisation urbaine à venir. Ce qui conduit à se demander en quoi l’« exemple » d’urbanisme sécuritaire qu’il constituerait est « saisissant » aux yeux de l’étudiant auteur du mémoire mentionné. Tout simplement parce qu’il n’apparaît pas comme tel : omniprésente, la sécurité, rebaptisée « sûreté » comme le veut la doxa, se dissimule en effet derrière la « qualité ». Reste à savoir par quelles manipulations urbanistiques et architecturales on y est parvenu.

De fait, il n’est pas de question de sûreté et encore moins de sécurité dans les discours des élus locaux de cette partie du 13e arrondissement, des aménageurs, des urbanistes et des architectes. Pourtant, comme le relève l’auteur pour s’en émerveiller, tous ont parfaitement intégré ses impératifs dans la conception du nouveau quartier. « La prévention de la malveillance implique une conception intégrée de la sûreté dans les opérations d’aménagement », nous avertit-il d’emblée. Pourquoi ? En raison de la « demande des habitants et des collectivités locales » face aux « actes de malveillance, qui comprennent les actes de délinquance et les actes criminels réprimés pénalement, la menace terroriste, mais aussi les incivilités et les troubles infra-pénaux qui contribuent directement au développement du sentiment l’insécurité ». Et l’étudiant de se poser quelques questions rituelles qui ne risquent guère de fâcher : « quels sont les acteurs qui participent à la démarche de sûreté ? Quels aménagements répondent aux exigences de sûreté ? Comment articuler sûreté et qualité des espaces publics ? » Suit une autre série d’interrogations dont la pertinence n’échappera qu’aux mauvais esprits. « La sûreté est-elle un levier pertinent d’aménagement ? Quelles sont les dérives potentielles d’une approche de sûreté mal maîtrisée ? »

un article de Jean-Pierre Garnier

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