Les 86 propositions, réparties en six grandes thématiques et constituant selon leurs rapporteurs les « informations les plus objectives possibles », offrent un aperçu des futures restrictions de liberté que nous aurons à subir.
Pêle-mêle et sans exhaustive, débarrassées de leur gangue de novlangue sécuritaire, on peut ainsi trouver les propositions de généraliser les exceptions en étendant « les dispositions dérogatoires renforcées existant en matière de lutte contre la criminalité organisée à d’autres infractions très graves » (n°21), d’insuffler dans la population « une logique de partenariat de sécurité » en encourageant la méfiance (par exemple en poussant « les habitants d’un quartier à détecter les situations inhabituelles ») et en favorisant la délation « sur la base d’une doctrine de "solidarité citoyenne" » (n°17), de permettre la participation « ponctuelle » et rémunérée d’experts privés au travail du « renseignement d’information générale » des services de police (n°57), de créer une contravention pour participation à une manifestation non-déclarée (n°63) voire d’interdire à certains manifestants (assimilés à des hooligans de stades de foot) la participation au moindre rassemblement (n°62), de créer une obligation de témoigner (n°25), ou encore d’accroître les possibilités de « recours aux armes à létalité réduite ».
Prévenant qu’il ne faut pas « tomber dans une sorte de mirage du tout technologique », le Livre blanc préconise cependant de développer « le traitement de la pré-plainte en ligne » (n°7), de créer un fichier centralisé des gardes à vue (n°37), de renforcer l’usage de la visioconférence - déjà entérinée par la Loppsi 2 - (n°36) et la géolocalisation des équipages policiers (n°13), d’organiser des vidéo et cyber-patrouilles policières (n°15 et 58), de « développer et mutualiser le vecteur aérien : avions ou hélicoptères, mais aussi drones et dirigeables » (n°82), d’augmenter les points d’accès aux fichiers d’identification (n°79), plus généralement de fournir des marchés à la recherche technologique et aux groupes industriels (n°84 et 85).
Encourageant le développement des « outils d’analyse automatique d’anomalies » pour une vidéosurveillance « intelligente », il promeut l’idée d’un « grand fichier de police technique reposant sur l’image du visage : la base nationale de photographies », afin de fournir les éléments de comparaison nécessaires aux logiciels de reconnaissance faciale en cours d’élaboration et de diffusion (n°42 et 80).
Souriez, vous êtes filmé-e-s, novembre 2011