AU-DELÀ DE BLADE RUNNER : LOS ANGELES ET L’IMAGINATION DU DÉSASTRE de Mike Davis. Traduit de l’américain par Arnaud Pouillot. Ed. Allia, 144 pages, 6,10 €.
Blade Runner, le célèbre film de science-fiction de Ridley Scott, imposait la vision apocalyptique d’un Los Angeles dévasté. Inspirée par les grands films expressionnistes allemands, l’imagerie du réalisateur anglais semblait avoir anticipé pour de bon le stade terminal de la métropole californienne.
L’urbaniste Mike Davis montre, dans son nouvel essai, que le visage futur de Los Angeles sera moins spectaculaire que la vision de Blade Runner, et bien plus effrayant. Los Angeles préfigurerait le modèle à venir des mégalopoles modernes, marquées par la disparition de la mixité sociale. Les classes modestes sont laissées à l’abandon et livrées à la merci des gangs. Les couches les plus favorisées de la population se "bunkérisent" grâce à la généralisation de la vidéosurveillance et d’équipes de sécurité privées. La ville vit désormais dans un état perpétuel de "guerre sociale de faible intensité", susceptible à tout moment d’éclater, comme lors des émeutes provoquées en 1992 par le passage à tabac de Rodney King.