Souriez vous êtes filmé·es

lettre de protestation contre la vidéosurveillance

mardi 13 janvier 2004, par souriez

Cette lettre de protestation contre la vidéosurveillance a été signée par
de 56 (sur 80) membres de l’équipe éducative du Collège Guy Môquet (35, Bld.
J.J.
Rousseau, Cité du Luth, 92230 Gennevilliers) : personnel ouvrier,
administratif, surveillants, CPE et enseignants.
.
Elle a été envoyée au Conseil Général des Hauts-de-Seine et sera distribuée
aux familles des élèves, pour leur dire que la majorité de l’équipe
éducative n’accepte pas « un collège barricadé, transformé en ghetto ».


Lettre avec A.R.
Gennevilliers, le 8 janvier 2004
Monsieur le Président
Conseil Général des Hauts-de-Seine
2-16 Boulevard Germain Soufflot
92000 Nanterre

Monsieur le Président,

Nous avons appris (le Parisien, édition Hauts-de-Seine, du 10 décembre
2003) que le Conseil Général 92 a décidé de mettre en place un système de
vidéosurveillance autour des 90 collèges publics du département. Ce système
« anti-intrusion » fonctionnera aux abords des établissements scolaires 24
heures sur 24 et sera relié aussi à la Police.
Cette décision nous inquiète à plusieurs titres :
1/ Nous contestons son efficacité. Les récentes études ont démontré l’
inutilité de la vidéosurveillance. Par exemple Eric Heilmann et
Marie-Noëlle Mornet, écrivent, dans leur étude pour l’Institut des hautes
études de la sécurité intérieure : « . l’aide apportée par les caméras à l’
identification et à l’arrestation de suspects est négligeable. » (Le Monde
du 18 décembre 2003)
2/ Nous considérons que les 11 millions ? prévus pour la vidéosurveillance
des 90 collèges du département, c’est à dire 122.000 ? (800.000 Francs)
par collège doivent être utilisés pour les dépenses qui bénéficieraient
réellement à nos élèves : achats des livres en double, heures de soutien
individualisées, activités culturelles, voyages..
3/ D’une manière plus fondamentale, nous considérons que si violence il y a,
l’approche « tout sécuritaire » ne constitue pas une réponse. Les habitants
de la cité où nous travaillons subissent de plein fouet, le chômage, la
précarité, les « petits boulots jetables ». Ils souffrent du racisme et de
la xénophobie. Ils sont victimes d’une sélection sociale qui dévalorise la
valeur même de notre travail, celle des études et diplômes.
Dans les conditions de vie extrêmement difficiles qu’ils connaissent, l’
Ecole doit leur rester ouverte, elle ne doit pas apparaître comme une
prison avec des caméras, et pourquoi pas bientôt, avec ses barbelés et
miradors ?
Monsieur le Président, nous, soussignés, considérons que notre travail
consiste à transmettre des connaissances, à ouvrir les esprits de nos
élèves sur la vie, sur la société, à les former à une citoyenneté
démocratique. Vos mesures vont dans le sens contraire. Un collège
barricadé, transformé en ghetto nous attribuerait, inévitablement, le rôle
de gardien de prison qui ne ferait qu’aggraver les difficultés déjà grandes
que connaît notre équipe éducative.

Nous vous demandons donc, Monsieur le Président, de bien vouloir annuler
votre décision de vidéosurveillance de notre collège et consacrer ces
122.000 ? à des dépenses dont bénéficieraient réellement nos élèves.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expressions de nos salutations
distinguées.

Copie : les familles de nos élèves


+ sur le web

Proposer un article | Nous contacter | Plan du site | Admin | Accueil
squelettes spip SPIP Suivre la vie du site @elastick.net