Souriez vous êtes filmé·es

La bande à Bauer

Un livre blanc sur la sécurité publique

mercredi 23 novembre 2011, par Eric

La Loppsi 2 est à peine adoptée que les experts en politique sécuritaire se sont déjà remis à l’ouvrage. En octobre, un Livre blanc sur la sécurité publique (coordonné par le « marchand de peur » Alain Bauer et le préfet de police de Paris Michel Gaudin, et élaboré sur la base des réflexions d’un aréopage de plusieurs dizaines de hauts responsables de police et de gendarmerie, d’ingénieurs et d’idéologues patentés) était remis au ministre de l’Intérieur.


Les 86 propositions, réparties en six grandes thématiques et constituant selon leurs rapporteurs les « informations les plus objectives possibles », offrent un aperçu des futures restrictions de liberté que nous aurons à subir.

Pêle-mêle et sans exhaustive, débarrassées de leur gangue de novlangue sécuritaire, on peut ainsi trouver les propositions de généraliser les exceptions en étendant « les dispositions dérogatoires renforcées existant en matière de lutte contre la criminalité organisée à d’autres infractions très graves » (n°21), d’insuffler dans la population « une logique de partenariat de sécurité » en encourageant la méfiance (par exemple en poussant « les habitants d’un quartier à détecter les situations inhabituelles ») et en favorisant la délation « sur la base d’une doctrine de "solidarité citoyenne" » (n°17), de permettre la participation « ponctuelle » et rémunérée d’experts privés au travail du « renseignement d’information générale » des services de police (n°57), de créer une contravention pour participation à une manifestation non-déclarée (n°63) voire d’interdire à certains manifestants (assimilés à des hooligans de stades de foot) la participation au moindre rassemblement (n°62), de créer une obligation de témoigner (n°25), ou encore d’accroître les possibilités de « recours aux armes à létalité réduite ».

Prévenant qu’il ne faut pas « tomber dans une sorte de mirage du tout technologique », le Livre blanc préconise cependant de développer « le traitement de la pré-plainte en ligne » (n°7), de créer un fichier centralisé des gardes à vue (n°37), de renforcer l’usage de la visioconférence - déjà entérinée par la Loppsi 2 - (n°36) et la géolocalisation des équipages policiers (n°13), d’organiser des vidéo et cyber-patrouilles policières (n°15 et 58), de « développer et mutualiser le vecteur aérien : avions ou hélicoptères, mais aussi drones et dirigeables » (n°82), d’augmenter les points d’accès aux fichiers d’identification (n°79), plus généralement de fournir des marchés à la recherche technologique et aux groupes industriels (n°84 et 85).

Encourageant le développement des « outils d’analyse automatique d’anomalies » pour une vidéosurveillance « intelligente », il promeut l’idée d’un « grand fichier de police technique reposant sur l’image du visage : la base nationale de photographies », afin de fournir les éléments de comparaison nécessaires aux logiciels de reconnaissance faciale en cours d’élaboration et de diffusion (n°42 et 80).

Souriez, vous êtes filmé-e-s, novembre 2011


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