Biométrie, radio-identification : les libertés publiques menacées
Questions à Alain Weber
Avocat à la Cour, membre de la Commission Libertés et informatique de la Ligue des droits de l’homme (LDH)
Extrait
"On nous dit que les techniques qui serviront pour INES seront bridées, donc protectrices des libertés individuelles. Mais l’histoire récente de l’informatique montre qu’un outil bridé est fait pour être débridé : chaque fois qu’on a installé un système de fichage, cela s’est vérifié. Par exemple, le STIC (Système de traitement des infractions constatées) répertorie désormais toutes sortes de délits et est devenu consultable par des personnes qui s’ajoutent sans cesse à celles qui avaient initialement été définies restrictivement : on a vu les abus que ce système entraîne, avec des personnes fichées empêchées d’obtenir un emploi ou un logement. La même dérive peut être constatée pour le fichier des empreintes génétiques (FNAEG, Fichier national automatisé des empreintes génétiques), réservé à l’origine aux auteurs de crimes sexuels, et que la loi Perben 2 du 9 mars 2004 a étendu aux auteurs de délits les plus courants. On peut craindre de même que d’une version « light » de INES, on passe progressivement à une utilisation beaucoup plus policière à laquelle le progrès technique apportera sans nul doute un soutien actif dans une ambiance sécuritaire lourde et pesante. Il faut donc s’opposer avec la plus grande vigueur à INES, pour notre liberté et celles des générations à venir.
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